CSDHI – Zeynab Jalalian, prisonnière politique condamnée à la perpétuité en Iran, est privée du droit à un traitement médical et à une permission de sortie.
Une source fiable a déclaré au Réseau kurde des droits humains : « Malheureusement, l’état de santé de Zeynab Jalalian, emprisonnée depuis douze ans, se dégrade. Cette prisonnière politique souffre de ptérygion (croissance de tissu triangulaire rosâtre sur la cornée de l’œil), de furoncles sur la langue et de graves maux de tête depuis quelques mois ».
Selon la source, en raison du manque de structures médicales dans la prison et du refus des autorités de transférer cette prisonnière politique dans un hôpital situé en dehors de la prison, elle a dû prendre l’avis téléphonique de plusieurs experts médicaux qui estiment que ses maux de tête pourraient être des migraines aigües. En conséquence, sa famille a remis plusieurs paquets de médicaments au parloir de la prison, mais, un mois plus tard, elle n’a toujours pas reçu ses médicaments.
Zaynab Jalalian est en grève médicamenteuse depuis février 2017 pour protester contre la négligence des autorités concernant son besoin de soins médicaux pour ses yeux et son trouble digestif. Cependant, avec l’apparition de graves maux de tête et sur l’insistance de sa famille, elle a accepté de prendre des médicaments pour sa migraine, mais ils ne lui ont pas été administrés.
Il est à noter que le frère de cette prisonnière politique, Ismail Jalalian, a perdu la vie lors d’un accident près de Makou, il y a environ deux semaines. Les autorités ne lui ont pas accordé la permission de se rendre aux funérailles de son frère.
Le Réseau kurde des droits humain, KHRN, a également été informé qu’une délégation d’inspecteurs, dont le procureur de Khoy, s’était rendue dans la section des femmes emprisonnées à Khoy il y a quelques jours. Au cours de l’inspection, un membre de la délégation a annoncé à Zeynab Jalalian que ses droits de prisonnière ne seraient pas rétablis tant qu’elle ne regretterait pas ses actes, mais Zeynab a catégoriquement refusé de s’y plier.
Par ailleur, le ministère du Renseignement avait déjà subordonné l’hospitalisation de Zeynab Jalalian à l’hôpital au fait qu’elle accepte des aveux télévisés. Une fois de plus Zeynab a refusé. Par conséquent, malgré l’avis des médecins sur la nécessité de l’envoyer à l’hôpital pour y être soignée, elle est toujours privée du droit à un traitement médical.
Née en 1982, Zeynab Jalalian est une activiste kurde originaire du petit village de Deim-Qeshlaq, situé près de Makou, dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental. Elle a été arrêtée en février 2007 par les services de renseignement de Kermanchah qui l’accusaient d’appartenir au parti PJAK. Elle a été interrogée pendant un mois au centre de détention des services de renseignement de Kermanchah, où elle a été torturée mentalement et physiquement. Elle a ensuite été transférée au centre de réadaptation pour jeunes de Kermanchah.
Le 3 décembre 2008, Zeinab Jalalian a été condamnée à mort pour « actions armées contre la République islamique d’Iran et appartenance au PJAK », ainsi que pour « détention et participation à des actions armées contre la République islamique d’Iran » par le juge Moradi de Kermanchah. La cour suprême a confirmé sa condamnation à mort le 26 novembre 2009. Elle a ensuite été transférée à la prison d’Ispahan en février 2010. Elle a finalement été envoyée à la prison de Dizelabad à Kermanchah, cinq mois plus tard.
Sous la pression des nombreuses tentatives de sa famille, de son avocat et des défenseurs des droits humains dans le monde pour faire annuler sa condamnation à mort, sa peine a été commuée à la perpétuité en novembre 2011. Plus tard, en novembre 2014, Zeynab Jalalian a été transférée à la prison de Khoy, desorte que sa famille n’avait plus besoin de faire de longs déplacements pour lui rendre visite.
Il convient de noter qu’Amir Salar Davoudi, l’avocat de Jalalian qui a joué un rôle actif dans son dossier, est également détenu par les services de renseignement depuis le 20 novembre 2018. Il a été condamné à 111 coups de fouet et à une peine de 30 ans de prison à Téhéran, début juin. Quinze années de sa peine sont exécutoires. Zeynab Jalalian a fermement condamné l’arrestation de son avocat et sa lourde peine dans des lettres et des messages envoyés depuis la prison.
Source : Réseau des droits de l’homme du Kurdistan – 12 juillet 2019