CSDHI – Dans une interview avec une chaîne de télévision financée par le régime iranien, Ali Fallahian, ancien ministre iranien du Renseignement, notamment impliqué dans l’attentat à la bombe contre le centre culturel juif AMIA qui a tué 85 personnes, le 18 juillet 1994, à Buenos Aires, en Argentine, parle du climat qui entourait l’exécution massive de plus de 30 000 prisonniers politiques en Iran au cours de l’été 1988.
Cette interview a été menée en persan et téléchargée sur internet. Voici la traduction de l’interview. Le nom de la chaîne de télévision est APARAT, mais la date n’est pas connue.
Le présentateur : Est-ce que tous ceux qui ont été exécutés en 1988 ont été arrêtés parce qu’ils avaient des armes à feu, ce qui signifie qu’ils étaient des rebelles armés ?
Fallahian : Non, tous n’étaient pas des rebelles armés, mais la plupart des personnes arrêtées vivaient dans des maisons où se trouvaient des groupes. Lorsque nous arrivions dans ces maisons, nous y trouvions peut-être une ou deux armes et ceux qui étaient arrêtés dans les rues ne portaient même pas d’armes.
Le présentateur : Alors, diriez-vous que c’était des rebelles armés ?
Fallahian : Ils appartenaient de cette organisation (les Moudjahidine du peuple d’Iran, l’OMPI, l’opposition démocratique aux mollahs)
Le présentateur : Alors pensez-vous qu’ils ont été arrêtés juste parce qu’ils possédaient un journal ?
Fallahian : Oui, ils faisaient partie de l’organisation (OMPI). Cela signifie qu’ils étaient prêts à faire n’importe quelle opération, toutefois, l’un achetait juste du pain pour les personnes habitant dans cette maison ou un autre faisait simplement de la maintenance.
Le présentateur : Même s’ils n’étaient pas des unités opérationnelles mais seulement des unités de propgande ?
Fallahian : Oui, bien sûr, ils faisaient partie de ce groupe. Une unité opérationnelle qui lutte doit tout avoir, pas seulement des armes. Ils doivent avoir une logistique et des soutiens.
Le présentateur : N’étaient-ils pas considérés comme des prisonniers ?
Fallahian : Non. L’imam Khomeiny avait déclaré : « vous devez exécuter ceux qui restent fidèles à leurs convictions». Nous ne pouvions pas les laisser partir et ne pouvions pas les garder en prison. Si nous les avions gardés en prison, nous aurions eu une poignée de personnes au-dessus de nos têtes qui nous auraient dit de ne pas les garder en prison. Ainsi, une commission de juges et de ministres formée de trois hommes a été chargée de superviser ces cas et de libérer ceux qui étaient admissibles et d’exécuter ceux qui ne l’étaient pas.
Le présentateur : Encore un mot, le principal était d’exécuter tous les prisonniers, à l’exception de ceux qui étaient admissibles à la libération conditionnelle ?
Fallahian : Ils étaient supposés vérifier, rencontrer et parler aux prisonniers pour savoir s’ils adhéraient toujours à leurs convictions.
Le présentateur : Quel était le critère pour mesurer celui qui était loyal et celui qui ne l’était pas ?
Fallahian : C’était de dire que je crois en l’OMPI et que je ne crois pas en vous.
Le présentateur : Vraiment ?
Fallahian : Oui, ils étaient fous.
Le présentateur : Où se trouvait M. Montazeri ?
Fallahian : M. Montazeri était un cas différent. Il était en désaccord avec l’imam Khomeiny. M. Montazeri croyait, et d’autres le croyaient aussi, que le fait de tuer et d’exécuter autant de gens nous hanterait et que l’histoire nous jugerait, nous et l’islam. Il pensait que nous ne devions pas faire cela (exécuter les prisonniers). Plus tard, l’ennemi utiliserait cela contre nous. Mais l’imam a dit « ne vous préoccupez pas de l’histoire, agissez en accord avec les religieux et ne vous inquiétez pas de l’histoire ».
Dans une autre partie de cette interview, Fallahian confirme que les agents du renseignement des mollahs ont travaillé sous couverture dans divers pays.
Fallahian : le ministère du Renseignements de chaque pays est comme ça, peut-être un peu moins, mais c’est à peu près la même chose. Le ministère a besoin de couverture pour ses opérations pour recueillir des informations à la fois à l’intérieur du pays et à l’extérieur. Il est évident que nous n’envoyons pas un agent en Allemagne ou en Amérique en disant par exemple, ok, je suis un agent du ministère duRenseignement et je suis ici pour recueillir des informations, s’il vous plaît, donnez-les-moi. De toute évidence, ils travaillaient sous une couverture commerciale ou d’autres jobs, comme des journalistes. Vous savez que beaucoup de nos journalistes sont en fait des agents du ministère.
Le présentateur : Pas nous.
Fallahian : Collecter des informations ne rapporte pas d’argent.
Le présentateur : Mais l’honneur et l’honnêteté de la plume sont au-dessus de tout.
Fallahian : Oui, je suis d’accord, mais les agents ont besoin de couverture, être un agent du ministère du Renseignement est également un travail honorable.